Edito du biopresse

Lors du séminaire international de l’Agence Bio, qui a eu lieu, au SIA, le 23 février, Faustin Vomewor, paysan togolais, a exhorté la salle à consommer et acheter des ananas bio, ceux-ci représentant pour lui la garantie de pouvoir nourrir et soigner sa famille et envoyer ses enfants à l’école. Avec charisme et conviction, ce paysan, qui a sorti son village de la misère en développant la culture d’ananas bio destinés à l’exportation, bouscule certaines de nos convictions.
Consommer un fruit exotique qui doit voyager sur de longues distances ne nous semble pas forcément la meilleure voie pour limiter le réchauffement climatique et favoriser une bonne répartition des richesses entre les peuples. Bien que, dans le cas de Faustin Vomewor et de son village, 80% de la production soit composée de cultures vivrières, il vaudrait sans doute mieux que les ananas bio soient consommés par la population togolaise, notamment dans les villes. Cependant, cette population a-t-elle les moyens de payer ces fruits au même prix que l’exportateur ?

François Thiery, agriculteur bio et président de l’Agence Bio, s’est déclaré, en ouverture du séminaire, préoccupé par les échanges déséquilibrés qui existent entre les pays en développement et les pays occidentaux. Trop d’aliments sont importés dans les pays riches et c’est aussi valable pour les produits biologiques. Notons tout de même que l’adoption des techniques culturales biologiques et l’absence de pesticides qui en découle évitent les problèmes de santé fréquemment rencontrés dans les pays pauvres où les règles de sécurité sont moins respectées qu’en Europe.

Marc Dufumier, enseignant-chercheur, a proposé une solution provisoire à ce dilemme : la mise en place de cultures de rente biologiques bien payées (palmiers dattiers, ananas, oliviers…) mais en association (agroforesterie, rotation…) avec des céréales et des cultures fourragères, ces dernières étant consommées sur place, solution très intéressante d’un point de vue agronomique. Donc, d’accord pour manger dattes et ananas biologiques, mais sans perdre de vue la nécessité, dans un avenir pas trop lointain, d’assurer des échanges plus équilibrés à l’échelle mondiale, particulièrement dans le domaine alimentaire. L’agriculture biologique ne pourrait-elle pas être un levain d’idées et d’expériences également dans ce domaine ?

Sophie VALLEIX, Responsable d’ABioDoc

Numéro 164 – Février 2011


Les deuxièmes Assises de la recherche en agriculture biologique, organisées par l’ITAB, se sont tenues à Paris les 30 et 31 mars 2011. La recherche en AB est souvent une recherche systémique, qui combine approche globale et approche analytique, en prenant en compte des interactions et des connexions entre différentes disciplines. Ainsi, elle nécessite d’introduire des passerelles entre disciplines mais aussi de multiplier les partenariats.

La nécessité d’impliquer des agriculteurs dans la définition et la conduite des programmes de recherche était une préoccupation largement partagée par les participants à ces Assises, tout en sachant que c’est déjà le cas, depuis longtemps, pour des chercheurs intervenant en agriculture biologique. En effet, les agriculteurs et les techniciens amènent leur expertise de terrain, les expériences innovantes et leur analyse des besoins. De leur côté, les chercheurs amènent leur expertise scientifique et la connaissance des modèles et des techniques d’expérimentation. La rencontre des deux compétences est fructueuse, à condition toutefois que les différents milieux apprennent à se comprendre et à avoir des visions similaires du projet de recherche en cours. En effet, le regard d’une personne oriente ce qu’elle perçoit, ce qu’elle interprète, selon son mode de pensée et ses expériences. D’où l’importance que chacun des partenaires soit ouvert et réceptif au mode de pensée de son interlocuteur, à la fois les chercheurs envers les personnes de terrain mais aussi réciproquement.

Cependant, le partenariat ne doit pas s’arrêter à un binôme chercheur/ personne de terrain et doit intégrer d’autres partenaires en fonction du type de recherche suivi : des naturalistes pour l’étude des agro-systèmes ou les approches territoriales, des consommateurs pour l’agro-alimentaire, etc. Ces derniers ne sont pas, selon certains chercheurs, suffisamment impliqués dans les programmes de recherche en général et ont tendance à faire aveuglément confiance aux choix qui sont décidés. Or, même si leur regard semble parfois décalé, les consommateurs sont représentants de la société civile et devraient aussi donner leur avis sur les orientations de la recherche. Concernant l’agriculture biologique, vu qu’ils étaient à l’origine du mouvement, ils doivent encore plus conserver leur mot à dire.

De même, les enseignants ne doivent pas être oubliés. Pour que les différents partenaires se comprennent dans un groupe, il faut parfois des « passeurs », personnes à l’interface entre plusieurs visions, notamment du terrain et de la recherche en l’occurrence. Les enseignants peuvent souvent jouer ce rôle, de même que certains animateurs, de groupements de producteurs ou de groupes de recherche par exemple.

Une certaine stabilité dans les groupes de recherche permet l’acquisition d’une culture commune et facilite le travail. Cependant, l’homogénéité peut parfois réduire l’innovation, d’où l’importance de rester ouvert à de nouveaux acteurs, mais aussi de prendre le temps et de disposer d’espaces et de moments pour la « réflexion libre ». Dans ces moments, les pièces du puzzle peuvent se mettre en place et les innovations (directions nouvelles à prendre, identification de nouveautés…) émerger dans notre cerveau parfois inondé par les pensées du quotidien…

Sophie VALLEIX, Responsable d’ABioDoc

Numéro 165 – Mars 2011


Les derniers chiffres présentés par l'Agence Bio lors d'une conférence de presse attestent de la dynamique du secteur de l'agriculture biologique en France : de fin 2008 à fin 2010, le nombre d'exploitations bio a augmenté de 55% et le marché de 32% ! Le Plan Barnier « Agriculture biologique : horizon 2012 » porte ses fruits. Parmi les différentes actions, ce Plan prévoit l'introduction d'informations relatives à
l'agriculture biologique dans toutes les formations de l'enseignement agricole, ainsi que la présence d'un technicien bio dans toutes les Chambres d'agriculture. Si les acteurs de la bio se réjouissent de cet élan, ils restent toutefois prudents sur la capacité d'une personne évoluant dans le secteur de l'agriculture conventionnelle à pouvoir, du jour au lendemain, enseigner ou conseiller en agriculture biologique. Cette thématique a d'ailleurs était longuement abordée lors de l'Assemblée générale de l'interprofession Auvergne Biologique, le 19 mai. En effet, ce qui fait la particularité de l'agriculture biologique n'est pas tant les produits phytosanitaires ou les engrais apportés qui diffèrent, que l'ensemble de la démarche qui relève à la fois de l'éthique, de la gestion de la ferme, de la conduite technique...

Face à un problème agricole technique, un « bio » (agriculteur, technicien, enseignant...) ne va pas chercher tout de suite la solution technique, mais va s'interroger sur la raison qui l'a conduit à se retrouver face à ce problème, sur le contexte pédo-climatique, économique voire humain de la ferme, sur la conduite à modifier et les moyens à mettre en œuvre pour éviter de se trouver à nouveau confronté à cette difficulté, avant de se demander quelle solution immédiate apporter, celle-ci pouvant relever de l'apport d'un produit autorisé en bio ou au passage d'un outil, mais qui peut aussi aboutir, dans le domaine végétal, à la décision de sursemer ou de détruire la culture (en cas de risque pour les années suivantes, en termes de parasites ou d'adventices particuliers, par exemple) et de semer une autre culture à la place. Le raisonnement est identique pour de nombreuses décisions, y compris dans le domaine économique. Certaines personnes de l'agriculture conventionnelle sont proches de ce raisonnement mais ont néanmoins besoin de se former et de rencontrer des acteurs de la bio pour être efficaces vis-à-vis de l'agriculture biologique. Dans certaines régions où le nombre de personnes évoluant en bio est limité, les attentes sont fortes en terme de conseil agricole, à la fois dès la formation des jeunes et des moins jeunes, mais aussi sur le terrain, où les personnes présentes dans les structures d'accompagnement ont parfois plus un rôle d'animation que de conseil. Cela d'autant plus que le nombre d'agriculteurs bio a presque doublé en trois ans et que nombre d'entre eux sont en conversion. De plus, les techniciens bio ont souvent en charge l'ensemble des productions de leur secteur géographique et ne peuvent être spécialisés que dans certaines d'entre-elles. Le nombre de techniciens n'ayant pas forcément suivi celui des conversions, les agriculteurs qui viennent de passer en bio ont parfois beaucoup de difficultés à disposer d'un conseil personnalisé. Néanmoins, les acteurs de la bio insistent sur la nécessité de formation de ceux qui sont amenés à enseigner ou à conseiller dans le domaine de l'agriculture biologique et cette exigence devrait aussi concerner les nouveaux agriculteurs bio, afin qu'ils participent à des réunions, à des rencontres ou à des formations, pour éviter qu'ils se retrouvent seuls face à leurs problèmes et baissent les bras... Rappelons que la documentation est aussi un moyen de se former et de s'informer et qu'elle est l'un des outils du panel de sources d'information existant.

Sophie VALLEIX, Responsable d’ABioDoc

Numéro 166 – Avril 2011


Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec vient de lancer, en juin 2011, le livre vert devant mener à l’adoption de la première politique bioalimentaire du Québec. Ce livre vert, qui s’intitule « Donner le goût du Québec », découle d’une réflexion de plusieurs années sur l’avenir de l’agriculture dans la « belle province ».

Ce projet de politique bioalimentaire fait suite aux consultations de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois, instituée en 2006, et au débat public qui a suivi le dépôt du rapport Pronovost en janvier 2008. Très attendu par le milieu agricole, ce livre vert en a laissé quelques-uns sur leur appétit. Le ministère, usant de prudence, a annoncé son désir de consulter à nouveau le secteur
agroalimentaire pour obtenir son avis sur les orientations proposées dans son projet de politique. Il veut savoir, entre autres,  « si les orientations et les objectifs proposés dans le présent projet permettront au gouvernement d’appuyer plus efficacement le secteur bioalimentaire par rapport aux défis de demain. Si d’autres avenues devraient être explorées pour améliorer l’efficacité de ses interventions? » Au total, ce sont 16 groupes de questions comme celles-ci qui sont exposés aux acteurs du milieu.

Le livre vert fait mention de la santé, de la multifonctionnalité, de la valorisation et de l’occupation dynamique du territoire, de développement régional, ainsi que de protection de l’environnement. Bien que le document de 61 pages ne mentionne que deux fois le mot biologique, certaines valeurs ou certains fondements énoncés cadrent parfaitement avec la notion d’agriculture biologique. Le document vise l’encouragement de « modes de production qui préservent les ressources du milieu » et « d’un système de production qui repose sur une offre d’aliments sécuritaire ».

Un élément marquant de ce projet est le fait que le ministère accorde un rôle primordial au consommateur. Il veut impliquer ce dernier dans le développement du secteur bioalimentaire en lui donnant le goût d’acheter des aliments
produits au Québec.

Le pari de miser sur la consommation locale pourrait, par ricochet, favoriser la demande du bio québécois. Cette volonté du ministère s’arrime bien avec la campagne de promotion du bio lancée par la Filière biologique du Québec dans le but d’améliorer la visibilité du bio
québécois dans les supermarchés. La Filière a en effet créé le logo « Bio Québec » et le slogan «Y’a du bio dans l’frigo».

Le ministère prévoit, suite aux consultations, de mettre en place un fond pour encourager les initiatives qui favoriseront le développement et l’innovation. Les agriculteurs biologiques du Québec sont des entrepreneurs avant-gardistes qui sauront, sans aucun doute, tirer profit de cette nouvelle politique bioalimentaire du Québec.

Louis ROUSSEAU, Chargé de projet au CETAB+

Numéro 167 – Mai 2011


Le colloque sur les transversalités de l’agriculture biologique, qui s’est tenu à l’Université de Strasbourg les 23 et 24 juin et qui était organisé dans le cadre du RMT DevAB, a permis d’appréhender l’agriculture biologique dans sa globalité et dans ses évolutions. Dans l’atelier consacré aux passerelles scientifiques, ABioDoc a présenté une analyse de l’évolution de son fonds documentaire en regard des problématiques du colloque. En effet, après plus de 17 années de travaux sur la documentation en agriculture biologique, ABioDoc a acquis une certaine expertise dans ce domaine.

ABioDoc s’est plus particulièrement intéressé à trois problématiques affichées par le colloque :

•       L’AB contribue-t-elle à « écologiser » le modèle de l’agriculture conventionnelle ? Quelles synergies et échanges entre AB et agriculture conventionnelle?

•       Le rôle des Politiques publiques nationales (Grenelle, Plans de développement de l’AB…) mais aussi régionales ?

•       Les pratiques porteuses de transversalités en AB : menacées ou en développement ?

Concernant le premier point, l’équipe d’ABioDoc s’est aperçue que le nombre de références indexées dans la base de données documentaire, la Biobase, connaissait une croissance régulière au fil des années et que le nombre de références issues de l’agriculture
conventionnelle et sélectionnées pour leur intérêt auprès des acteurs de la bio connaissait des périodes de forte croissance. La présence de l’agriculture biologique n’est certes pas l’unique moteur pour apporter plus de conscience écologique en agriculture conventionnelle, les problèmes environnementaux et sociétaux ayant une part importante dans les besoins d’évoluer. Néanmoins, les techniques développées en bio sont largement étudiées, et de plus en plus, en agriculture conventionnelle. Les résultats de ces études pouvant aussi à leur tour aider l’agriculture biologique à régler certains de ses freins notamment techniques.

Par ailleurs, l’analyse de la documentation présente à ABioDoc montre l’influence des politiques publiques sur les publications, en particulier celles liées à l’agriculture conventionnelle. Le nombre de références sélectionnées dans des revues techniques ou économiques conventionnelles a fortement progressé au cours des deux plans de développement de la bio qui ont conduit à une augmentation importante du nombre de conversions de fermes à la bio (1998-2002 et 2008-2010). De même, la volonté par l’Etat de développer les produits bio dans la restauration collective (Grenelle de l’environnement et Plan « Barnier » de développement de la bio) a conduit à une forte croissance des références indexées sur cette thématique à partir de 2008. Le phénomène est le même avec les circuits courts…

La présence de nouveaux acteurs qui s’impliquent de plus en plus dans l’agriculture biologique, comme les collectivités territoriales et en particulier les Conseils régionaux, ou comme les Agences de l’eau, est repérable également à travers l’analyse du fonds documentaire d’ABioDoc. Ces deux structures ont aussi été identifiées comme des acteurs clés du développement de l’AB au cours de la présentation d’Anne Haegelin, de la FNAB, à ce même colloque.

Enfin, à travers plusieurs exemples, dont notamment l’augmentation des références liées aux aspects sociaux et à la société, nous avons estimé que les transversalités de l’agriculture biologique n’étaient pas en diminution. Néanmoins, la sélection des documents telle que nous la réalisons ne nous permet pas actuellement d’appréhender si, parallèlement, certaines exploitations converties récemment à la bio conservent un « schéma » conventionnel, avec des rotations courtes, des apports d’engrais organiques et de pesticides autorisés… Sur ce plan, il convient de rester vigilant et d’aider les nouveaux bio à appréhender l’agriculture biologique dans sa globalité et avec ses transversalités…

Sophie VALLEIX, Responsable d’ABioDoc

Numéro 168 – Juin 2011


Les lecteurs assidus du Biopresse auront constaté que les références liées à l’économie, mais surtout à l’économie alternative et à la nécessité de frugalité, sont en augmentation… La crise est passée par là, mais le Grenelle de l’environnement avait déjà ouvert les esprits. En effet, on peut lire de plus en plus l’évidence qu’une croissance continue sur une planète limitée n’est pas durable, voire suicidaire…. Ce qui change, c’est que ce discours n’est plus l’apanage des écologistes ou de quelques personnes considérées comme des doux rêveurs, mais qu’il revient dans la bouche de décideurs ou de conseillers d’entreprise , comme Marc Halévy (notice 169-054,  page 30 de ce Biopresse).

Néanmoins, sortir du dogme de la « croissance » n’est pas si évident. D’abord parce que le fonctionnement de l’économie repose sur cette croissance : des entreprises innovantes qui incitent à grand coup de publicité les consommateurs à acheter leurs produits, quitte à fabriquer des appareils conçus pour ne pas durer ou à inciter les gens à détruire leurs anciens produits, encore parfaitement opérationnels, pour en acheter de nouveaux. Des consommateurs habitués à changer et à toujours acheter la dernière nouveauté, souvent signe de succès, à leurs yeux, auprès de leurs concitoyens. Bien-sûr, me direz-vous, moi je ne rentre pas dans ce jeu… Mais est-ce si facile de
développer la sobriété, à son niveau ou à celui de l’ensemble de la société ?

Renoncer à trop consommer, c’est se mettre en partie en retrait de l’ensemble de la société. Et jusqu’où irons-nous ? Devons-nous nous éclairer à la bougie, mettre au rebut notre ordinateur et notre connexion Internet (difficile à imaginer de nos jours), rouler en carriole à cheval (quoique… mais non !) ? La réponse est non car, comme l’indique Marc Halévy, s’il nous faut renoncer à la croissance matérielle, il nous faut par contre développer la croissance immatérielle. Cette croissance immatérielle consiste à inventer de nouvelles techniques et technologies avec peu ou pas d’impact sur l’environnement, favoriser la durée des produits et leur recyclage, et surtout inventer de nouvelles façons de vivre ensemble, à l’échelle locale comme à l’échelle planétaire, afin d’arriver à un meilleur partage des biens existants et utilisables, mais aussi afin de parvenir à plus de bonheur partagé (et oui, j’ose employer ce mot !). C’est aussi ce qu’entend Pierre Rahbi avec sa « sobriété heureuse »…

Reste à mettre tout cela en musique et ce n’est pas évident. Les personnes sensibilisées à ces thématiques, dans notre monde occidental, connaissent la difficulté à mettre en pratique des comportements alternatifs. Le contexte général est rarement favorable : déplacements encore beaucoup conçus sur l’utilisation de la voiture
individuelle, accès parfois compliqué aux produits alternatifs, rythme de vie qui ne permet pas toujours de réfléchir ou d’agir au mieux…. Les études se contredisent parfois sur les gestes « bons pour la planète et la solidarité », la situation étant forcément complexe…

Malgré tout, des constantes reviennent, telles que l’intérêt de la production agricole de proximité, y compris en partie individualisée (l’agriculture urbaine est de plus en plus citée, sur le toit des grattes ciels ou dans les bidonvilles) ; telles que les techniques de l’agriculture biologique, qui sont plébiscitées par de plus en plus de personnes ; le co-voiturage ou la copropriété de véhicules ; l’échange ou le don de matériel, de graines, d’hébergement… et l’idée générale de frugalité et de satisfaction de ce que nous possédons, y compris l’entourage humain et la nature…Tant reste à imaginer et à inventer, de quoi réfléchir pendant cette période de congés où l’on peut enfin disposer d’un peu de temps et de tranquillité d’esprit…

Sophie VALLEIX, Responsable d’ABioDoc

Numéro 169 – Juillet / Août 2011

 


L’été est terminé mais le soleil est bien présent aujourd’hui (et j’espère qu’il le sera lorsque vous lirez cet édito). Pour la rentrée, nous avons deux nouveautés à vous présenter. Tout d’abord, vous avez pu constater que la maquette du Biopresse s’est modifiée et colorée. Ceci est l’aboutissement d’une concertation et d’une réflexion commune entre le CETAB+ et ABioDoc, qui avaient pour objectifs de mieux intégrer les données du CETAB+ (agenda, collaborateurs…) et de proposer un document plus convivial. Depuis le début de l’année, les données en provenance d’Amérique du Nord se sont accrues et l’organisation entre nos deux structures s’est affinée. Nous nous concertons notamment chaque mois pour définir la date d’arrêt des notices, la période de correction et le jour de sortie de la revue Biopresse.
La deuxième nouveauté, qui concerne essentiellement ABioDoc, est la mise en place de notre nouveau site, qui propose une base des Acteurs de la Bio totalement restructurée. Cette base, qui comporte des organismes et des personnes, s’intéresse aux secteurs de l’enseignement, de la recherche, du développement et de l’animation des filières. Suite aux demandes du Comité de pilotage mis en place dans le cadre de cette action, nous avons élargi le champ de cette base qui comportera maintenant également des données liées à la restauration collective (formations de cuisiniers…), à l’agriculture sociale (insertion), à l’édition, aux analyses de laboratoire, à certains fournisseurs (matériel agricole…) et à des artistes (animation de colloque, théâtre thématique…). L’idée était de fournir aux personnes travaillant en agriculture biologique, ou désirant y travailler, toutes les adresses utiles dans leur vie professionnelle. Les opérateurs économiques de la bio français étant déjà répertoriés dans l’Annuaire de l’Agence Bio, ils ne figurent donc pas dans cette base des Acteurs de la Bio.
Pour vous inscrire dans la base des Acteurs de la bio, vous devez aller sur le site d’ABioDoc www.abiodoc.com, rubrique « Acteurs de la bio » et cliquer «s’inscrire». Vous créerez alors votre compte. Par la suite, vous recevrez un courrier électronique accompagné d’un lien servant à valider la création de votre compte. Vous pourrez alors « créer votre fiche Acteurs de la Bio ». Après validation par l’équipe d’ABioDoc (étape nécessaire et voulue par le Comité de pilotage pour assurer la qualité de la base), votre fiche sera publiée. La base des Acteurs de la Bio sera d’autant plus utile à chacun qu’elle aura été renseignée par le plus grand nombre. Aussi, n’hésitez pas à vous inscrire et à transmettre l’information au plus grand nombre ! Tous les francophones qui travaillent dans les domaines précités en lien avec l’agriculture biologique sont les bienvenus dans la base. Pour les autres, un exemplaire du formulaire existe en anglais (sur demande à ABioDoc), mais l’inscription en direct dans cette langue n’est pas possible actuellement.
Grâce à la restructuration de la base de données des Acteurs de la Bio, ABioDoc espère améliorer son rôle de mise en réseau des personnes et favoriser la diffusion de l’information sous toutes ses formes, afin de servir au mieux le développement de l’agriculture biologique et d’apporter sa pierre à cet édifice d’envergure…


Sophie Valleix, Responsable d’ABiodoc

Numéro 170 – Septembre 2011


L’Assemblée générale de la Fédération Internationale des mouvements bio, IFOAM, a eu lieu en Corée du Sud les 3 et 5 octobre 2011. Une présentation d’ABioDoc et du partenariat avec le CETAB+ du Québec y a été assurée par le Vice-président de l’Asafi (Association des adhérents français d’Ifoam), François Le Lagadec (IBB). A cette occasion, ce dernier a également permis, avec l’autre représentant de la délégation française, Anton Pinshoff (FNAB), le vote à une large majorité d’une motion concernant les règles de production sous serre. Cette motion stipule que, selon les principes de l’agriculture biologique, le sol nourrit la plante et ne peut être un simple substrat et support. Ainsi, la production en bacs doit être interdite, excepté dans le cas des plants biologiques à repiquer. Certains pays du Nord souhaitaient développer cette possibilité, tandis que les Français et de nombreux autres membres d’Ifoam considèrent que cette pratique s’apparente à de la culture hors-sol, même si les plantes reposent dans de la terre. Un collègue grec, membre d’Ifoam Europe et parfaitement sur la même longueur d’onde que les Français sur ce sujet (ainsi que sur de nombreux sujets d’ailleurs), indiquait que, chez des particuliers résidant notamment en ville, la culture selon les techniques de l’agriculture biologique pourra se pratiquer en pot mais qu’en aucun cas les produits obtenus ne pourront être vendus comme aliments biologiques auprès de consommateurs.
J’ai eu l’occasion de mener cette discussion lors d’un séminaire – formation européen qui se tenait en Grèce. Lors de ce séminaire, j’ai pu découvrir plusieurs projets européens (en démarrage, en cours ou terminés) liés à l’utilisation des nouvelles technologies (e-learning, plateformes…) et à l’agriculture ou plus particulièrement à l’agriculture biologique. J’ai été surprise par le fait que peu de structures françaises soient impliquées dans ces projets. Pour citer un exemple, le projet organic.mednet, destiné à développer les connaissances liées à la bio dans les pays méditerranéens, notamment auprès des jeunes et des chômeurs, figurent huit pays dont l’Autriche et la Suisse. La France, qui fait pourtant partie des pays méditerranéens, n’est pas dans le projet. Or, ce n’est pas que la France n’utilise pas les nouvelles technologies pour le développement de la bio : ABioDoc gère deux bases de données (Biobase et les Acteurs de la Bio) ; la Licence professionnelle ABCD (Agriculture biologique, conseil, développement), formation multi-sites, utilise une plateforme de formation en ligne basée à l’Université Blaise Pascal de Clermont, ainsi que des visioconférences ; de nombreuses informations sont accessibles depuis les sites des partenaires de l’agriculture biologique, et notamment sur ceux de l’Agence Bio, de l’Itab, du RMT DevAB…
Ainsi, alors que les Français réalisent des projets intéressants et innovants, il serait opportun qu’ils soient plus présents au sein de ces projets européens, permettant ainsi de partager leurs expériences avec les partenaires d’autres pays et de découvrir les réalisations et les connaissances de ces derniers. Ces échanges et cette concertation sont d’autant plus nécessaires que certains problèmes ne peuvent être réglés qu’à des échelles supérieures à notre pays. Vaste programme…


Sophie Valleix, Responsable d’ABioDoc

Numéro 171 - Octobre 2011


C’est une constatation, les 6% de la surface agricole utile (SAU) en agriculture biologique prévus dans le Plan de développement français de la bio ne seront certainement pas atteints en 2012. Néanmoins, la bio a connu un essor important depuis 2008, avec 4,6% des fermes françaises engagées en agriculture biologique mi 2011, mais seulement 3,09% des surfaces. Si l’engagement politique public « clair et affirmé », tel que le dénomme la Fnab, a été déterminant, d’autres facteurs ont aussi joué comme la crise du prix du lait en 2009. Ainsi, dans le secteur laitier, les conversions en cours permettront d’équilibrer l’offre et la demande française en 2013, sans recours aux importations. L’augmentation de volumes lors de nouvelles conversions devra se faire parallèlement à des croissances similaires de consommation. Pour la viande d’agneaux par exemple, les volumes proposés correspondraient à peu près à la demande. Cependant, une croissance de la production dans ce domaine pourrait permettre de franchir un pallier et de proposer ce type de produits dans de nouveaux circuits commerciaux ou de nouveaux linéaires. Le maintien d’une communication forte auprès du public et celui d’une volonté politique affirmée, aux échelles nationales et régionales, est donc nécessaire pour permettre une croissance harmonieuse de la filière bio. Car il y a urgence dans certains domaines, tels que la santé ou la qualité de l’eau. Concernant ce dernier point, un colloque était organisé par la Fnab, à Paris, le 24 novembre dernier : « L’agriculture biologique au service de la protection de l’eau, un enjeu de politiques agri-environnementales et territoriales ».
Selon une étude parue dans la revue Etudes et documents du Commissariat général au développement durable de septembre 2011, les dépenses additionnelles évaluées des ménages générées par les pollutions liées aux excédents d’azote et de pesticides d’origine agricole représenteraient entre 7 et 12% de la facture d’eau, soit 640 à 1140 millions d’euros, avec un surcoût de 140% pour les localités les plus polluées. A cela s’ajoutent les dépenses liées à l’eutrophisation, à l’élimination des nitrates et des pesticides des milieux aquatiques, ou celles à prévoir pour la dépollution des eaux souterraines. Certains captages sont tout simplement fermés, le coût de dépollution de leurs eaux étant prohibitif (la moitié des captages de la ville de Niort, par exemple, ont ainsi été fermés en 20 ans). Selon les observations de la cour des comptes, les traitements de l’eau s’avèrent 2,5 fois plus coûteux au mètre cube traité que la prévention opérée en Bavière, qui consiste à responsabiliser les agriculteurs par des actions préventives. Lors du colloque, de nombreux témoignages ont été apportés sur des actions mises en place pour favoriser l’adoption de meilleures pratiques agricoles et favoriser la conversion à l’agriculture biologique sur des territoires sensibles, en curatif et même parfois en préventif comme sur la commune du Val de Reuil, dans l’Eure. Les acteurs impliqués sont nombreux, avec notamment des collectivités territoriales et des agences de l’eau. Cependant, ce n’est pas si simple de convertir 100% des surfaces sur un territoire. Dans certains exemples présentés, des agriculteurs ne pratiquent les techniques bio que sur le bassin d’alimentation, et dans d’autres, les surfaces bio ne totalisent que 5 à 7% du territoire visé. C’est toujours un début. Il est connu que la conversion à la bio implique certes une modification des pratiques mais aussi un changement de pensée et de manière d’aborder le métier d’agriculteur, qui demande plus de temps…
Le même 24 novembre, la Fnab organisait un deuxième colloque intitulé « Osons la bio », avec Terre de liens et Bio Consomm’acteurs. Cinq représentants de candidats ou futurs candidats à l’élection 2012 ont débattu ensemble. Un certain consensus semblait se dessiner sur l’objectif de 20% d’agriculture biologique en 2020, avec toutefois des divergences sur les conditions et les moyens du changement. Cependant, c’était dans le contexte d’une salle vouée à l’agriculture biologique et il faut espérer que cette volonté s’affiche plus largement et sur la durée…


Sophie Valleix, Responsable d’ABioDoc

Numéro 172 - Novembre 2011


Le secteur de l’agriculture biologique est en pleine croissance au Québec et pour se donner les moyens de soutenir celle-ci, de plus en plus d’intervenants se tournent vers le monde pour mieux saisir les opportunités de développement. Les voyages et le partage de connaissances aident le secteur à se développer.
À titre d’exemple, en septembre dernier, une délégation du Québec formée de quatre intervenantes actives en agriculture biologique oeuvrant pour Fertior, Service Agrios, Club Bio-Action et Club CDA, ont accompagné des membres du CETAB+ pour une mission en France sur l’agriculture biologique. Le groupe a visité le Salon Tech & Bio qui s’est déroulé à Valence, dans le département de la Drôme. Ils ont publié un rapport détaillé de leur visite (cf référence 173-308, en page 52 de ce Biopresse) qui est disponible gratuitement en ligne. Les intervenants ont également profité de l’occasion pour visiter deux entreprises maraichères, les Jardins du Temple et la Ferme Cormorèche. Dans la continuité de cette visite et afin d’inspirer les producteurs ainsi que les intervenants d’ici, Joseph Templier, maître maraîcher et concepteur d’équipements agricoles a été invité à partager ses pratiques innovatrices sur planches permanentes. Il sera au Cégep de Victoriaville du 14 au 16 février 2012 (voir la rubrique Agenda de ce Biopresse, en page 2).
François Labelle, expert en production laitière biologique chez Valacta au Québec, a également réalisé à l’automne 2011, un voyage exploratoire sur la gestion des pâturages. Il a rencontré des experts de la station de recherche de Saint-Gilles de l’INRA pour compléter la recherche d’informations sur les pâturages et documenter les différentes possibilités. Ce voyage est un autre bon exemple de transfert de technologies vers les entreprises puisque le but de celui-ci est de vérifier concrètement si le système français de gestion de l’herbe peut être adapté et mis en place au Québec. Le service de formation continue du Cégep de Victoriaville et le CETAB+ propose également un voyage de formation en Chine en mars 2012. Le groupe de 45 personnes visitera plusieurs fermes biologiques (maraîchères, serres, grandes cultures et production laitière) et organisations oeuvrant dans le domaine. Les principaux objectifs sont de découvrir l’agriculture biologique chinoise et éventuellement de favoriser le transfert de techniques applicables aux conditions du Québec.
L’agriculture biologique a de grands défis à relever pour assurer son développement. Dans ce contexte, il s’avère important d’être ouverts aux solutions qui ont permis à d’autres à travers le monde de réussir. Pierre Lavoie, triathlète québécois, gagnant de l’Ironman d’Hawaï et co-fondateur du Grand défi Pierre Lavoie, mentionne dans une de ses conférences : « Un marathonien que je côtoyais a vécu avant moi les mêmes problèmes qui me bloquaient et a réussi à les surmonter, mais ça lui a pris 10 ans! En me partageant ses conseils, cet homme m’a sauvé 10 ans de travail! » C’est sur cette pensée que j’aimerais conclure 2011. C’est en diffusant le plus d’information possible et en travaillant de concert, que ce soit à l’intérieur du Québec, de la France, par des partenariats France-Québec et même par des missions à l’étranger, que le partage des connaissances fera grandir le milieu et avancer la cause de l’agriculture biologique.

Louis Rousseau, Chargé de projet au CETAB+

Numéro 173 - Décembre 2011