L’albédo, un levier d’atténuation du changement climatique méconnu : quel potentiel d’atténuation pour les prairies ?
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Auteur : ET AL. ,KERJOSE E.,FERLICOQ M.,MISCHLER P.
Revue : FOURRAGES ( ), N° 251 | p. 1-16
Editeur : AFPF (Association Francophone pour les Prairies et les Fourrages)
L'élevage de ruminants participe au changement climatique par le biais de l'utilisation des terres et de l’émission de gaz à effet de serre. Les modes d’élevage (à l’herbe ou non) et la gestion des prairies affectent aussi le climat en modifiant l'albédo de la surface terrestre. L'albédo correspond à la part du rayonnement solaire qui est renvoyée dans l'espace. Ainsi, la gestion de l’albédo des prairies pourrait devenir un levier d’atténuation du changement climatique, à l’instar du stockage du carbone dans le sol. Les résultats présentés ici sont issus de mesures d'albédo quotidiennes de sept prairies françaises (mesures réalisées dans le cadre du projet Albédo-prairies). Les résultats montrent que l’albédo évolue selon des pas de temps variables en fonction des conditions météorologiques. En automne et en hiver, la présence de givre génère une variabilité intra et inter-journalière d’albédo. Au printemps et en été, ce sont les pluies, après des périodes sans précipitations, qui diminuent l’albédo pendant quelques jours (- 6.9 %). De la même manière, les pratiques agricoles ont des impacts plus ou moins importants sur l’albédo. La fauche des refus a un impact assez faible : - 3.5 % pendant quelques jours. Le pâturage engendre, en moyenne, - 3.9 % pendant 2 semaines (l’impact dépend beaucoup du chargement en bétail instantané). La fauche a un effet plus marqué : - 13.7 % pendant un mois. En prenant comme référence un sol nu, le forçage radiatif (FR) des prairies (calculé à partir des dynamiques d’albédo) est négatif, c’est-à-dire qu’elles ont un effet refroidissant sur le climat. Cette valeur est, en moyenne, plus négative en été (- 11.1 W/m²) qu’en hiver (- 3.1W/m²), du fait de niveaux d’albédo plus forts en raison d’une végétation plus développée et d’un rayonnement solaire plus élevé. Pour conclure, comme l’albédo moyen d’une exploitation augmente avec la proportion de surfaces en herbe, les systèmes reposant le plus sur l’herbe auraient un forçage radiatif favorable à l’atténuation du changement climatique.