L’agroécologie pourrait nourrir l’Europe sans pesticides en 2050
Pierre-Marie Aubert et Xavier Poux, chercheurs à l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI), ont présenté un scénario sur dix ans qu’ils appellent le Tyfa, ou Ten years for agroecology in Europe.
Le point de départ du rapport est l’impact des habitudes alimentaires des Européens sur leur santé.
Dans leur scénario, les deux chercheurs ont commencé par rééquilibrer l’alimentation des Européens : davantage de céréales, de fruits et de légumes, de protéagineux et moins de viande, d’œufs, de poisson et de produits laitiers.
« À partir de là, notre étude montre qu’une Europe agroécologique serait capable de nourrir les Européens en 2050, de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % et de retrouver la biodiversité », affirme Pierre-Marie Aubert.
Cela passe par la suppression des pesticides et d’autres intrants agricoles et par l’adoption de pratiques agricoles plus écologiques comme la rotation des cultures, l’utilisation de fumier pour fertiliser les sols, ainsi que par la mise en place d'infrastructures écologiques comme des haies, des mares, des arbres ou des murets.
Ce scénario mène à une baisse de la productivité des cultures pouvant aller de 10 à 50 %, conclut l’étude.
Pierre-Marie Aubert souligne par ailleurs que le scénario agroécologique ne permet pas seulement au secteur agricole européen de nourrir les consommateurs du continent, mais aussi de préserver ses capacités d’exportation pour les céréales, les produits laitiers et le vin. Cela réduira fortement sa dépendance envers les importations de biens agricoles.
« Aujourd’hui, l’Union européenne importe l’équivalent de 35 millions d’hectares de terres cultivables, principalement du soja d’Amérique du Sud utilisé pour nourrir le bétail », souligne l’expert.
Date : 18 septembre 2018 Source(s) : https://www.euractiv.fr/