Le Cniel demande une aide d’urgence pour la filière lait bio
C’est un scénario inédit pour le lait bio. Habitués aux croissances à deux chiffres, les producteurs subissent, depuis dix-huit mois, un sérieux coup d’arrêt. « On est revenu à la consommation de 2018, mais avec une collecte laitière (1,26 milliard de litres de lait) qui a gagné, entre-temps, 450 millions de litres de lait, soit plus de 40 % de hausse » , souligne Yves Sauvaget, président de la commission bio à l’interprofession laitière (Cniel). Par rapport à 2020, la chute de consommation des produits laitiers bio atteint 18 % en équivalent lait. Les déclassements (le bio vendu comme du conventionnel) ont approché les 40 %. L’interprofession laitière redoute qu’en 2023, ils n’atteignent 530 millions de litres de lait (43 %).
En 2022, 60 millions d’euros de perte ont été subis par les industriels (40 millions) et les producteurs de lait (20 millions). Le niveau élevé du prix conventionnel, grâce aux cours mondiaux bien orientés, a amorti la chute. Mais, 3 % des fermes bio ont cessé leur activité (arrêt, décertification), l’an dernier, contre 1 % habituellement. Avec des prix du lait quasi constants (+1 %, contre +18 % en conventionnel), le revenu des producteurs de lait bio a chuté du fait de charges en forte hausse. Et 2023 s’annonce pire.
Le Cniel réclame un plan de sauvetage pour les 4 200 producteurs bio (9,5 % des laitiers et 5,4 % de la collecte), soit une aide d’urgence de 71 millions d’euros (les pertes subies par la filière), une réaffectation partielle des reliquats du budget dédié au financement de la conversion bio, des contrôles et des moyens d’accompagnement pour une application effective de la loi Egalim, exigeant 20 % de bio dans la restauration collective.
Date : 28 février 2023 Source(s) : https://www.ouest-france.fr