L’accompagnement à la conversion

Le colloque DinABio, qui a eu lieu les 13 et 14 novembre à Tours, avait pour objectif de diffuser et mettre en débat les acquis récents des recherches en agriculture biologique. De nombreuses interventions ont eu lieu, soit en plénière, soit en ateliers. L’importance de renforcer la dissémination des résultats de la recherche est ressortie à plusieurs reprises, ce qui suppose à la fois le transfert, mais aussi l’adaptation au public visé. Les innovations provenant également du terrain, et notamment des agriculteurs, il a aussi été relevé la nécessité de bien collecter et diffuser cette connaissance. Toutes ces informations doivent parvenir aux acteurs de l’agriculture biologique, en particulier aux agriculteurs, mais également aux acteurs conventionnels et aux agriculteurs intéressés par une conversion. Or, l’accompagnement de la conversion n’est pas toujours évident. Si les verrous techniques existent, ces derniers représentent rarement un vrai blocage. Ils sont même souvent plus un prétexte qu’un réel problème. En effet, la conversion entraîne de nombreux changements et modifie la relation au métier. Aussi, la recevabilité de ces changements est une valeur primordiale dans la décision ou non de se convertir à la bio. L’accompagnement doit alors être autant social que technique. Les techniciens/animateurs doivent avoir conscience de ces enjeux. Ainsi, le volet collectif est très important dans l’accompagnement au changement. Néanmoins, si ces dynamiques sont au coeur de l’accompagnement des groupements de producteurs, elles sont aussi souvent plus longues à mettre en place que les démarches individuelles. Il faut également avoir en tête que les rythmes de conversion des agriculteurs sont très variables et peuvent aller de 6 mois à 10 ans, chaque individu ayant sa propre trajectoire, liée à sa situation personnelle et au contexte local. Des études montrent que les intentions d’installation en AB sont d’autant plus nombreuses dans une zone géographique que le nombre d’agriculteurs bio présents sur la zone est important. La présence d’un aval organisé peut aussi être déterminante selon le mode de commercialisation choisi par l’agriculteur.

Par ailleurs, les motivations à la conversion bougent. Aussi, la question se pose de savoir comment les intégrer dans les analyses et dans les démarches d’accompagnement (à adapter au cas par cas et évolutives dans le temps)…

Sur ces réflexions, les équipes d’ABioDoc et du CETAB+ vous souhaitent de joyeuses fêtes de fin d’année. Et, mangeurs de produits biologiques, ne vous inquiétez pas trop pour la dinde et les chocolats, car l’étude NutriNet-Santé, réalisée sur un panel de 54 000 consommateurs (notice 194-010/thème recherche), a montré que les consommateurs bio étaient significativement moins nombreux à être en surpoids ou obèses! Quoi qu’il en soit, soyez heureux!

Sophie VALLEIX

Responsable d’ABioDoc

Numéro 194 - Novembre 2013