Adaptation aux aléas climatiques des éleveurs du Massif Central

Aujourd’hui, je vais vous parler de sécheresse. C’est une provocation, me direz-vous, car après un printemps et un début d’été froid et pluvieux, chacun aspire à de la chaleur et du ciel bleu ! En réalité, je parlerai de tous les aléas climatiques, excès ou manque d’eau, excès de froid ou de chaud. Le 25 juin, a eu lieu une réunion « transfilières » du projet « Systèmes de production », piloté par le Pôle agriculture biologique Massif Central. Ce projet a permis de réaliser un suivi d’élevages biologiques de bovins et ovins, lait et viande, de 2008 à 2012. Et comme l’a précisé un participant à la journée : « Pour étudier les conséquences des aléas climatiques, nous avons eu « de la chance » car, au cours de ces 5 ans, nous avons rencontré de nombreux cas de figure climatiques… ». Si l’essentiel de la journée concernait les résultats technico-économiques des 4 filières de production, les conséquences et les adaptations aux aléas climatiques ont été largement abordées.


Les conséquences liées à des récoltes de fourrages insuffisantes ou de mauvaise qualité se retrouvent sur deux années, l’année de pâturage et l’année où les stocks sont consommés. En élevage laitier, que ce soit en ovin ou en bovin, il n’y a pas eu de stratégie de baisse de la production. Le manque d’aliments autoproduits a été compensé par des achats (luzerne déshydratée et tourteau de soja en ovin lait notamment) ou par l’ensilage de céréales. Certaines femelles ont été vendues mais c’était généralement des bêtes peu productives et l’impact sur la production a été peu sensible. Cette stratégie pourrait néanmoins s’inverser car, d’une part, le prix des fourrages a fortement augmenté cet hiver après deux années de sécheresse et, d’autre part, le prix du lait, en bovin notamment, pourrait diminuer, la production française ayant fortement augmenté au cours des deux dernières années. Dans ce cas, le coût des achats d’aliments ne sera plus compensé par l’augmentation de production induite par la consommation de ces aliments (coût du tourteau de soja bio autour de 900€/tonne).


Dans les élevages allaitants, il n’y a pas eu de stratégie consistant à combler le manque de production par des achats, en particulier pour les concentrés. Des décapitalisations ont néanmoins eu lieu en 2011 (vente d’animaux) mais dans une faible mesure pour ce qui concerne les bovins. La forte baisse de récolte de fourrages en 2011 a été gérée par des adaptations : sur les stocks précédents, sur les pâtures (il semble qu’en période difficile, les prairies soient mieux utilisées et les pertes moindres, soit par une meilleure gestion automnale des prairies par l’éleveur, soit principalement par une meilleure valorisation des surfaces par les animaux eux-mêmes) et sur les animaux (amaigrissement des vaches et ralentissement de la croissance pour les autres animaux). Les années 2011 et 2012 ayant connu une belle arrière-saison, les animaux ont pu récupérer ensuite. Cette stratégie d’animaux qui font « l’accordéon » est bien sûr surtout valable en élevage allaitant, les élevages laitiers subissant directement toute baisse alimentaire sur la production. Néanmoins, le contexte économique actuel pourrait pousser ces derniers vers plus d’autonomie.
En attendant, que vous profitiez des paysages herbagers au cours de l’été ou de tout autre territoire, je vous souhaite une excellente saison estivale avec de belles périodes ensoleillées et un peu plus de chaleur qu’aux premiers jours de cet été.


Sophie Valleix
Responsable d’ABioDoc

Numéro 190 – Juin 2013