La bio entre politique, économie et fondamentaux

L’agriculture biologique se porte bien, malgré un ralentissement net de la croissance en France (moins de conversions et augmentation de la consommation réduite par rapport aux années précédentes). Le salon Biofach de Nuremberg, qui s’est tenu en Allemagne mi-février, a enregistré 41 794 visiteurs, soit près de 1 500 visiteurs de plus qu’en 2012 (site Biofach). Les entreprises rivalisent d’ingéniosité pour se démarquer et un espace du salon était réservé aux innovations. Ces dernières concernent de nouveaux produits (dans leur composition ou leur présentation), ainsi que des présentations originales (packaging surprenant…). Les entreprises françaises présentes sur place maintiennent leurs projets de développement de produits biologiques, en France comme à l’étranger, tout en recherchant à développer un approvisionnement de proximité. Selon le produit, la proximité peut se décliner du département à l’échelle nationale, voire de l’Europe. L’objectif étant sans doute de répondre à la demande des consommateurs, mais aussi de sécuriser la filière et parfois de s’inscrire dans une démarche de territoire. Si la newsletter Bio-Marché.Info regrettait l’absence d’hommes politiques lors de l’ouverture de ce salon Biofach, tels que la Ministre de l’Agriculture allemande Ilse Aigner ou le Commissaire Européen Dacian Ciolos, les politiques ont en revanche été bien présents sur le stand de l’Agence Bio lors du Salon international de l’agriculture, qui s’est tenu à Paris une semaine après le salon de Nuremberg. Le Président François Hollande est ainsi venu sur le stand le 23 février. Stéphane Le Foll est passé à deux reprises, avec le premier ministre Jean-Marc Ayrault et ensuite avec Benoit Hamon, le ministre délégué en charge de l’Économie sociale et solidaire, afin de signer une convention sur les contrats d’avenir avec la FNAB. Delphine Batho, ministre de l’Écologie est également passée, ainsi que Corinne Lepage, Jean-Luc Mélenchon, Ségolène Royal, Danielle Auroi… Contrairement à 2011 où les personnalités politiques devaient parfois être accostées lors de leur passage à proximité du stand, ces dernières semblent venir discuter beaucoup plus volontiers sur le stand en 2013. Stéphane Le Foll a par ailleurs également ouvert le séminaire international de l’Agence Bio du jeudi 28 février. Néanmoins, ce séminaire a, de mon point de vue, peu porté sur l’action politique (témoignage de Joao nofre, Chef de l’Unité AB à la Commission européenne, avec la révision du règlement européen sur l’AB notamment), mais s’est plus attaché aux actions et aux fondamentaux de l’agriculture biologique. Nadia El-Hagge Scialabba, responsable du programme agriculture biologique à la FAO, a présenté les actions de la FAO dans le domaine de la bio ainsi que de nombreuses initiatives d’introduction ou de développement de l’AB et de ses techniques dans le monde. Sont ensuite intervenus les représentants des « pionniers de la bio », suivis par le témoignage d’un agriculteur retraité et de son petit fils, qui démarre la troisième génération de paysans bio sur la ferme familiale. Les intervenants suivants ont parlé de confiance (capital de l’avenir de la bio), de la société (action des jeunes avec le Young Food movement, des coopératives d’agriculteurs ou de consommateurs, de l’importance du lien entre le mouvement bio et la société…), etc. Dominique Marion, président de la FNAB, a pris la parole pour rappeler la place de l’agriculture biologique dans l’économie sociale et solidaire, les producteurs bio étant, pour lui, également acteurs d’une transition sociale. L’innovation sociale dans l’agriculture peut en effet être le levain d’un changement de société même s’il n’est pas à lui seul suffisant. Dans cette vision, les paysans et acteurs de la bio ont un rôle, mais ils doivent cependant s’efforcer de trouver des partenaires pour élargir le cercle de ceux qui agissent vers ce changement.

Sophie Valleix
Responsable d’ABioDoc

Numéro 186 - Février 2013