La bio face au marketing du « bon produit de chez nous »

Le Printemps Bio a accueilli cette année de nouvelles initiatives pour promouvoir l’alimentation bio, notamment en Rhône-Alpes : apéritifs, repas et dégustations dans les restaurants d’entreprises et maisons de retraite, « parcours de découverte de la bio » fédérant de nombreuses entreprises, fermes et magasins bio dans la région lyonnaise, ateliers oenologiques...
Pour autant, nous avons encore besoin de faire connaître les « plus » de la bio. Au-delà des préjugés (bio chère, végétarienne, effet de mode…), la bio souffre de sa «modestie d’affichage», alors que les nouveaux consommateurs ignorent souvent tout des procédés de production et de transformation propres au bio. Cette année, deux nouveaux cahiers des charges bio sont entrés en vigueur, sur des marchés en expansion : la vinification, pour lequel il aura fallu de nombreuses années de discussions avant son aboutissement, et la restauration commerciale. Des restaurateurs pionniers s’approvisionnent déjà totalement en bio et vont pouvoir enfin le valoriser officiellement. En revanche, l’application de ce cahier des charges va demander une vigilance toute particulière des organismes de contrôle et de la DGCCRF (1). Nos organisations auront aussi un rôle important à jouer pour la formation des acteurs économiques.
Corabio et Bioconvergence, deux organisations de coordinations rhônalpines en bio, lors de leurs récentes assemblées générales, ont plaidé pour une bio exigeante, transparente et offensive. L’agro-alimentaire conventionnel vient concurrencer par tous les moyens les produits biologiques, y compris par des communications parfois abusives, de « fabrication artisanale », « produits d’ici », « naturalité bonne pour la santé ». Face à cela, les fabricants bio doivent afficher d’une manière plus forte des messages objectifs, issus des fondamentaux de l’AB, en termes de protection de l’environnement (sols, air, eau, sans OGM…) et par delà même, en termes de santé (interdiction de produits chimiques de synthèse reconnus comme dangereux : pesticides, colorants, exhausteurs de goût, solvants….).
Dans ce combat, la distribution bio a aussi un rôle pédagogique important à jouer par la diffusion d’informations vis-à-vis des consommateurs. Enfin, face à la critique sur l’efficacité du bio, il existe de nombreuses études (2) et un nombre de plus en plus important d’agronomes à travers le monde qui reconnaissent que l’agrobiologie est LA solution d’avenir.

(1) Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
(2) Etude du Commissariat général au développement durable sur le coût des principales pollutions agricoles de l’eau, Ministère de l’Ecologie, n° 52 de septembre 2011, www.developpement-durable.gouv.fr ; Etude de la FAO : www.fao.org/newsroom/fr/news/2007/1000550/index.html.

Maria Pelletier, présidente de Bioconvergence
Françoise Reiller, présidente de Corabio

Numéro 180 - Juillet / Août 2012
Edito repris d’Alternatives Bio n°59 de juillet 2012