Climat, environnement et agriculture biologique

Le Sommet de Copenhague est terminé. Malgré une conclusion plutôt décevante, il aura été tout de même l’occasion de parler du changement climatique dans les médias, de rappeler au monde l’urgence d’agir et l’impact important de nos modes de vie occidentaux comparés à ceux de la majorité des habitants de la planète. Les modifications nécessaires pour limiter l’impact de nos activités sont l’affaire de tous, remettent en cause nombre de nos habitudes et peuvent toucher durement les activités de certains puissants. Ce n’est donc pas un hasard si le Sommet de Copenhague a démarré sur fond de polémique concernant les chiffres du changement climatique…

Comme nous l’avions constaté lors du colloque international « Agriculture biologique et changement climatique » que nous avons organisé en avril dernier avec l’Enita et l’Asafi, l’agriculture biologique (avec la non utilisation d’engrais azotés de synthèse, la richesse des sols en carbone…) et le mode de consommation courant des produits bio (moins de protéines animales, plus de produits de saison…) sont intéressants pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Néanmoins, certaines personnes plutôt hostiles à la bio risquent d’omettre ces aspects positifs et de mettre en avant les points moins intéressants de l’AB  : émissions de GES supérieures ou égales ramenées à l’unité de produit, consommation de produits bio importés de l’autre bout du monde ou distribués en très petites quantités (entraînant des émissions de GES importantes dans les transports), etc. Or, il est important de prendre en compte l’ensemble des aménités positives de l’agriculture biologique, sur l’environnement, la biodiversité, l’emploi, les territoires… Les acteurs de la bio doivent rester vigilants, ne pas laisser enfermer l’agriculture biologique dans un seul critère, et ne pas la laisser dénigrer sur ce qui est certes à améliorer dans la bio actuellement (importation de loin de produits susceptibles de pousser en France ou dans les pays voisins ; suremballage des fruits et légumes dans certains magasins…). Il faut au contraire rappeler en permanence que l’augmentation de la production permettra d’améliorer la disponibilité en produits bio et de rationnaliser la collecte et la distribution. Il faut rappeler que la recherche doit se poursuivre, tant dans l’amélioration des conduites techniques au regard des attentes de la société que dans l’organisation des filières. Vu les crises qui existent en agriculture conventionnelle dans le porc, le lait… et les prix pratiqués qui ne permettent parfois plus aux producteurs de sortir un salaire, il est vraiment important de tenter, par le biais de l’agriculture biologique, de faire changer en profondeur les mécanismes et les relations qui régissent les filières des produits agroalimentaires. Ce sera un souhait pour la nouvelle année…

Sophie VALLEIX, Responsable d'ABioDoc

Numéro 151 – Décembre 2009