Favoriser la participation de tous les acteurs à la recherche en bio

La recherche en agriculture biologique a depuis longtemps pris conscience de l’importance d’associer un nombre important d’acteurs, et
notamment les producteurs, les techniciens et les enseignants. Au début des années 1990, le Gepab en Bretagne ou le Gis Bio Massif Central, par exemple, rassemblaient des chercheurs de l’Inra, certes plutôt pionniers à l’époque et pas toujours bien suivis par leur hiérarchie, et des représentants des différents secteurs précités. En 2008, lors du colloque international sur le changement climatique organisé par ABioDoc, VetAgro Sup (alors Enita Clermont) et l’AsAFI, Jean-François Soussana, un chercheur de l’Inra spécialiste de la thématique, avait insisté sur l’intérêt que le colloque soit à la fois scientifique ET professionnel afin de pouvoir échanger avec en particulier les producteurs et les techniciens qui vivaient au jour le jour les contraintes du changement climatique sur le terrain.

Cependant, il n’est pas toujours évident d’associer ces publics différents : langages différents (un problème de terrain n’est pas toujours évident à traduire en question de recherche), compétences disponibles (pour mener une recherche, il faut dans l’équipe un chercheur compétent sur la thématique), objectifs parfois multiples selon les partenaires, temps disponible, reconnaissance de la place de chacun, etc.

C’est pourtant à cela que s’attellent les structures de coordination de la recherche ou de la recherche-développement en agriculture biologique, comme l’Itab (Institut technique de l’AB) à l’échelle nationale, ou le Pôle Bio à l’échelle Massif Central. Le Pôle Bio Massif Central a trois axes d’action sur sa zone géographique (soit sur 6 régions et 22 départements) : la concertation, l’ingénierie de projets de recherche-développement et la diffusion de connaissances. Cet automne, le Pôle Bio Massif Central a développé les actions permettant de
renforcer les liens avec ses partenaires.

Ainsi, en novembre 2010, le Pôle Bio Massif Central a organisé deux journées intitulées « Les rendez-vous 2010 du Pôle Bio », l’une en
Bourgogne (nord du Massif) et l’autre en Aveyron (sud du Massif). Ces rencontres visaient à diffuser les résultats des projets du Pôle mais aussi surtout à définir, avec les acteurs, les besoins en recherche-développement en agriculture biologique sur le Massif Central. Un temps important était consacré à des ateliers, conduits de façon à laisser s’exprimer le plus grand nombre afin d’identifier les futurs axes de recherche pour « une agriculture biologique en lien avec les territoires ». Les thèmes identifiés lors de ces journées ont été multiples. Parmi ceux-ci, figurent la problématique de la valorisation des animaux mâles, en particulier en bovin et dans les zones très herbagères où la
culture de céréales est difficile ou inexistante ; la nécessaire planification des productions, les liens entre l’amont et l’aval et la contractualisation ; etc.

Par ailleurs, le Pôle Bio souhaitait renforcer spécifiquement les synergies avec les établissements d’enseignements agricoles du Massif pour y favoriser le développement de l’AB, à la fois dans les formations, les fermes, la restauration collective et pour augmenter la participation de nouveaux établissements aux projets de recherche-développement. Ainsi, une journée a été organisée début décembre au Lycée de Marmilhat (près de Clermont-Ferrand) et a regroupé des directeurs d’établissements (Lycées, CFPPA…) et d’exploitations agricoles de lycée, ainsi qu’un représentant du réseau Formabio.
Plusieurs pistes d’échanges ont été envisagées (accueil en stage d’étudiants de la Licence Pro ABCD sur des expérimentations de fermes de lycée, participation d’élèves en BTS à des enquêtes conduites dans le cadre d’un nouveau projet du Pôle Bio, renforcement de l’utilisation de la Biobase d’ABioDoc dans les formations, etc). Reste à tout mettre en place, nouveaux projets de recherche et intégration de nouveaux établissements dans le Pôle Bio…

Sophie Valleix, responsable d’ABioDoc

Numéro 161 – Novembre 2010