L’Homme, la seule matière universelle du développement

« Le changement est une question de pédagogie et en l’occurrence de persuasion, d’entraînement par un enthousiasme convaincant. » « L’entreprise est une association d’hommes qui créent ensemble de la valeur, pas seulement pour eux mais pour la société. Cette vision humaniste […] implique un management humain respectueux de la dignité de chacun et condition de cette créativité indispensable pour le développement. » Je n’ai pas lu ces écrits dans une des nombreuses revues que nous dépouillons à ABioDoc, en lien avec l’agrobiologie, l’environnement ou l’écologie, mais je les ai trouvés par hasard dans une revue intitulée « Jeune dirigeant » et destinée à de jeunes chefs d’entreprise. Agréablement surprise par la mise en avant de valeurs humanistes dans un milieu où on les pense souvent réduites, il me semble que, de plus en plus, parallèlement aux influences qui poussent à toujours plus de matérialisme, de gains financiers aux dépens des personnes, un autre mouvement est à l’oeuvre, auquel participent un nombre croissant de gens de tous milieux et de toutes professions. L’homme doit revenir au centre des préoccupations, et non pas en tant que centre du monde, mais comme élément de l’ensemble.
L’allusion à la fin d’un grand cycle maya de 5200 ans ne conduit pas à la fin du monde, comme l’ont expliqué des chercheurs du CNRS, mais mentionne le retour d’une divinité « qui remet le temps en marche » (La Montagne – 18-12-12). Au cours de ce cycle passé, l’homme est peut-être allé au bout de l’absurdité, en instituant un modèle esclavagiste d’une ampleur sans précédent, puis en créant des armes de plus en plus destructrices ou pernicieuses ; en polluant les sols, l’eau et l’air ; en mettant en danger sa santé et même sa survie, avec des capacités de reproduction en baisse ; en modifiant l’équilibre du climat qui offrait tant de possibilités et de ressources pour répondre aux besoins de la population… Espérons que nous avons touché le fond et que nous allons rebondir en créant une société plus juste, plus respectueuse et plus équitable. Cette vision fait partie des fondamentaux de l’agriculture biologique, au-delà de la simple application des points réglementaires liés au cahier des charges.
Il y a plus de 20 ans, avant mon départ de Côte d’Ivoire, mes collègues m’avaient offert un livre d’or. Dans celui-ci, Michel Kraidy Kissy, le chef d’opération, qui venait de passer un an en formation en France, a notamment écrit « Que ton coeur soit sensible à l’Homme… la seule matière première universelle du développement… ».
Sur ces belles paroles, associée aux autres membres d’ABioDoc et à l’équipe du CETAB+, je vous souhaite à tous de joyeuses fêtes de fin d’année !

Sophie Valleix, Responsable d’ABioDoc

Numéro 184 - Décembre 2012