Le livre vert tourné vers le consommateur

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec vient de lancer, en juin 2011, le livre vert devant mener à l’adoption de la première politique bioalimentaire du Québec. Ce livre vert, qui s’intitule « Donner le goût du Québec », découle d’une réflexion de plusieurs années sur l’avenir de l’agriculture dans la « belle province ».

Ce projet de politique bioalimentaire fait suite aux consultations de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois, instituée en 2006, et au débat public qui a suivi le dépôt du rapport Pronovost en janvier 2008. Très attendu par le milieu agricole, ce livre vert en a laissé quelques-uns sur leur appétit. Le ministère, usant de prudence, a annoncé son désir de consulter à nouveau le secteur
agroalimentaire pour obtenir son avis sur les orientations proposées dans son projet de politique. Il veut savoir, entre autres,  « si les orientations et les objectifs proposés dans le présent projet permettront au gouvernement d’appuyer plus efficacement le secteur bioalimentaire par rapport aux défis de demain. Si d’autres avenues devraient être explorées pour améliorer l’efficacité de ses interventions? » Au total, ce sont 16 groupes de questions comme celles-ci qui sont exposés aux acteurs du milieu.

Le livre vert fait mention de la santé, de la multifonctionnalité, de la valorisation et de l’occupation dynamique du territoire, de développement régional, ainsi que de protection de l’environnement. Bien que le document de 61 pages ne mentionne que deux fois le mot biologique, certaines valeurs ou certains fondements énoncés cadrent parfaitement avec la notion d’agriculture biologique. Le document vise l’encouragement de « modes de production qui préservent les ressources du milieu » et « d’un système de production qui repose sur une offre d’aliments sécuritaire ».

Un élément marquant de ce projet est le fait que le ministère accorde un rôle primordial au consommateur. Il veut impliquer ce dernier dans le développement du secteur bioalimentaire en lui donnant le goût d’acheter des aliments
produits au Québec.

Le pari de miser sur la consommation locale pourrait, par ricochet, favoriser la demande du bio québécois. Cette volonté du ministère s’arrime bien avec la campagne de promotion du bio lancée par la Filière biologique du Québec dans le but d’améliorer la visibilité du bio
québécois dans les supermarchés. La Filière a en effet créé le logo « Bio Québec » et le slogan «Y’a du bio dans l’frigo».

Le ministère prévoit, suite aux consultations, de mettre en place un fond pour encourager les initiatives qui favoriseront le développement et l’innovation. Les agriculteurs biologiques du Québec sont des entrepreneurs avant-gardistes qui sauront, sans aucun doute, tirer profit de cette nouvelle politique bioalimentaire du Québec.

Louis ROUSSEAU, Chargé de projet au CETAB+

Numéro 167 – Mai 2011