Maintien de la demande et organisation des filières

Ce qui ressort de ce numéro de Biopresse, riche en notices sur les filières, et aussi ce que l’on pouvait ressentir lors du Sommet de l’élevage qui s’est tenu à Cournon (63) en octobre dernier : la demande en produits biologiques est au rendez-vous de l’augmentation de la production. Les entreprises de transformation ou de distribution de produits biologiques, un peu frileuses début 2010 et désireuses d’assurer déjà des débouchés aux nouveaux produits, n’hésitent pas maintenant à entretenir le flot de conversions. L’augmentation de la production a renforcé certains marchés existants et a aussi permis de mettre en place de nouvelles filières qui demandaient des volumes importants pour démarrer leur activité.

Globalement, les filières poursuivent leurs efforts d’organisation. Dans la filière viande bovine, par exemple, le développement de la restauration hors domicile a entraîné une forte demande sur les parties arrières (morceaux moins coûteux et à l’origine des steaks hachés pour les races allaitantes), ce qui amène les entreprises de ce secteur à tenter de renforcer les achats des particuliers plus tournés vers les pièces « nobles » (beefsteaks, rôtis…) et les débouchés auprès des artisans-bouchers.

Pour le secteur de la viande ovine, les entreprises s’efforcent de planifier la sortie des animaux afin d’anticiper les ventes et de sécuriser le marché, particulièrement pour les agneaux où la demande est importante à Pâques. Ainsi, selon l’année et la situation de la fête pascale à la sortie de l’hiver, la disponibilité en agneaux biologiques est très variable. En revanche, il n’existe quasiment aucune demande en novembre où parfois de nombreux animaux arrivent sur le marché et où il est très difficile de trouver des débouchés.

Malgré ce marché porteur, certaines entreprises présentes sur le domaine de l’agriculture biologique depuis de nombreuses années s’inquiètent de l’arrivée sur le secteur de grands groupes ou de grandes entreprises qui n’auraient pas forcément la volonté de respecter la globalité de la démarche liée à l’agriculture biologique, avec les principes d’équilibre, d’équité, de transparence…
Avec le risque d’aboutir à un système où les agriculteurs biologiques ne sont pas rémunérés à la hauteur de leur travail et où les bénéfices sont dilués dans l’ensemble de la filière. Avec également le risque d’une production biologique dans laquelle un certain nombre d’acteurs ne se reconnaitraient plus et où l’agriculture biologique serait appliquée avec les modèles de l’agriculture conventionnelle, sans les remettre en cause et sans chercher à créer un système basé sur la terre et les relations entre les différents éléments : la terre, les plantes, les animaux et l’homme.

Alors, réussissons l’exploit de rester vigilants mais sans être frileux  non plus (et ce malgré l’hiver qui arrive) !

Sophie Valleix, responsable d’ABioDoc

Numéro 160 – Octobre 2010