Métamorphose…

2009 : Année de la biodiversité. L’autre jour, j’entendais à la radio Jean-Marie Pelt parler de ce thème. En moyenne, les espèces durent de 5 à 10 millions d’années. Certaines restent sur terre beaucoup plus longtemps, comme le coelacanthe qui fréquente les eaux terrestres depuis 350 millions d’années. L’Homo sapiens existe depuis seulement environ 200 000 ans, un petit nouveau. Mais l’espèce humaine a ceci de particulier qu’elle est capable de créer les conditions de sa propre destruction ! Et elle y travaille… Or, comme l’écrit Edgar Morin dans un article de janvier paru dans Le Monde « Quand un système est incapable de traiter ses problèmes vitaux, il se dégrade, se désintègre ou alors il est capable de susciter un meta-système à même de traiter ses problèmes : il se métamorphose. » Comme la chenille se transforme en papillon, la société humaine peut se transformer tout en conservant son héritage, et celui de chacune de ses cultures. «Tout commence, toujours, par une innovation, un nouveau message déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains.» « Il existe déjà, sur tous les continents, un bouillonnement créatif, une multitude d’initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de la vie ». Ce bouillonnement que décrit Edgar Morin, nous avons parfois l’impression de le percevoir à ABioDoc, lorsque nous capitalisons toutes les initiatives que les acteurs des agricultures biologique ou écologique mettent en place de part le monde, quand nous voyons ce qui se fait déjà et à tous les niveaux (jardins traditionnels pleinement efficaces pour fournir des aliments en respectant le milieu, micro crédits permettant le démarrage d’activités économiques en zones difficiles, organisation d’un système laitier canadien adapté à la demande et rémunérateur pour les producteurs, mise à disposition de foncier pour des agriculteurs biologiques…). Dans le même temps, les informations sont légions, qui montrent les atteintes à l’environnement (perte de biodiversité, artificialisation des sols cultivés, pollution…), les drames humains, ainsi que les forces qui s’opposent aux initiatives d’alerte ou de modifications du système actuel.

Or, si la métamorphose est complexe, source de déstabilisation et de remise en cause, le monde auquel nous aspirons nous paraît préférable au précédent. L’agriculture biologique, telle qu’elle est actuellement, dans ses principes et dans son éthique, me semble un élément de cette métamorphose.

Que 2010 soit un petit pas vers cette métamorphose douce et porteuse d’espoir de notre système humain.

Sophie VALLEIX, Responsable d'ABioDoc

Numéro 152 – Janvier 2010