Des perspectives pour la recherche en bio

Alain Delebecq, le Président de l’ITAB, a ouvert l’Assemblée générale de 2013 en précisant que c’était la première AG aussi politique. En effet, la table ronde de la matinée a accueilli Luc Maurer, conseiller technique du ministre de l’agriculture et en charge notamment de l’agriculture biologique, ainsi que des agriculteurs – députés qui ont défendu dès le début la volonté de qualification de l’ITAB. Alain Delebecq a d’ailleurs précisé que cette situation était logique car, depuis ses origines, l’agriculture biologique est très liée à la société et aux débats qui en émergent.


Luc Maurer a ensuite répondu à une question liée à la place de l’agriculture biologique dans le plan plus global lié à l’agro-écologie. En effet, certains acteurs de l’AB s’inquiétaient de la place réellement réservée à l’AB dans ce projet agroécologique. Luc Maurer a alors précisé que l’agronomie est au coeur des pratiques et que le plan est basé sur des approches agro-systémiques à l’échelle de territoires et sur la recherche participative, cette dernière ayant pour but de créer du lien, avec une participation directe des agriculteurs. Dans ces perspectives, le conseiller du ministre a ajouté que l’agriculture biologique avait toute sa place dans ce projet et qu’elle était pionnière par rapport aux valeurs mises en avant dans le projet agro-écologique.


Le plan Ambition bio 2017 devrait comporter 4 volets : le développement de la production, la filière, la consommation (avec le maintien de l’objectif de 20% de produits bio dans les commandes publiques de l’Etat) et la recherche. Concernant le volet « recherche », la qualification de l’ITAB a constitué un premier geste fort, le deuxième étant l’augmentation nette de son budget (un doublement annoncé). Par ailleurs, dans les orientations 2014 – 2020, le souhait est d’augmenter les ponts entre les GAB, les Chambres d’agriculture, les CIVAM et les Instituts techniques.


M. Pottier, agriculteur bio et député de Meurthe et Moselle, estime que 20% des fonds affectés à la recherche devraient être utilisés pour l’agriculture biologique si on veut un jour atteindre les 20% de surface en bio. Pour cet agriculteur, si seule une partie des moyens était affectée à l’agriculture biologique, les possibilités de progression seraient importantes.


L’importance de la formation a ensuite été abordée et Luc Maurer a cité les principaux points d’amélioration envisagés : le développement de l’AB dans l’enseignement supérieur agricole ; la nécessité d’aider les enseignants de tous niveaux à aborder l’AB face à des apprenants ayant encore régulièrement de forts préjugés à l’encontre de l’agriculture biologique ; l’enseignement des premières bases dès l’école primaire. Concernant le développement agricole, Luc Maurer a estimé que les rôles de vendeur de produits et de conseil, notamment dans une vision systémique, devaient être bien séparés.


Le besoin de mettre en cohérence les recherches européennes, voire internationales sur l’AB, a été abordé, ainsi que le problème du foncier comme frein à l’installation, la nécessité des ressources génétiques bio et l’importance de prévoir des schémas de recherche longs, de 5 à 7 ans.
Globalement, même si des améliorations seront toujours à envisager, les acteurs de la bio espèrent que la recherche en agriculture biologique va réellement prendre de l’ampleur, la qualification de l’ITAB devant favoriser cet élan.

Sophie Valleix
Responsable d’ABioDoc

Numéro 188 - Avril 2013