Plan Ambition Bio 2017 et nouvelle économie

Le ministre français de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a présenté, à l’occasion de l’ouverture du Printemps bio, le programme Ambition Bio 2017 (voir Rubrique Brèves). Ce programme n’a pas pour vocation de fixer de nombreux objectifs chiffrés mais d’initier ou d’accompagner une dynamique. Les objectifs chiffrés annoncés sont le doublement des surfaces en 2017 et les 20% de produits bio dans la restauration collective d’Etat. Le ministre a insisté sur le fait que le programme s’inscrit dans la démarche globale de l’agro-écologie, avec des mesures qui se font écho (indépendance protéique pour l’alimentation animale, transferts entre les agricultures bio et conventionnelle…). Même si les budgets ne sont pas extensifs, comme l’a rappelé S. Le Foll, des financements vont être orientés sur l’agriculture biologique, pour le financement des MAE liées à la bio, la structuration des filières… Seront notamment concernés les agences de l’eau, la banque publique d’investissement, le fonds CasDar… L’échelle régionale est nettement mise en avant. Les régions ont été sollicitées dès la réflexion préalable et assureront une part de l’animation et du suivi du programme, notamment sur leur territoire, en lien avec le national. Les partenariats dépassant les « clivages » habituels sont encouragés : conseil et accompagnement selon des initiatives du type des « pôles de conversion » ; contractualisation en amont et aval pour organiser et structurer la filière ; sensibilisation du jeune public en lien avec l’Agence Bio ; mobilisation d’acteurs variés dans les projets de recherche (agriculteurs, conseillers, aval, enseignants) ; intervention des acteurs bio dans l’enseignement agricole… L’Agence Bio, dont la gouvernance repose sur plusieurs structures (bio et non bio, production et filière), est confortée dans son rôle.


Ce programme fait en partie écho à la journée Fnab organisée sur la nouvelle économie et qui a eu lieu à Paris le 21 mai. Cette « nouvelle économie » concerne le changement d’échelle de l’agriculture biologique et la nécessité de ne pas perdre son éthique parallèlement à l’augmentation des volumes bio produits et commercialisés. A la fin de cette journée, JM Meynard, président du Conseil scientifique de l’agriculture biologique, a conclu que les réussites de changements d’échelle reposaient sur trois piliers : un projet éthique ; la mobilisation d’acteurs diversifiés ; la contribution au développement territorial avec une valeur ajoutée socio-environnementale (emploi, lien social, préservation des ressources…). JM Meynard a mis également en avant l’importance de la construction de partenariats dans la durée et sur la base d’un projet partagé, à la fois économique, social, éthique (transparence, confiance…). Les circuits courts sont, pour lui, un élément intéressant, et le ministre a d’ailleurs rappelé l’intérêt d’initiatives telles que le site agrilocal.fr créé au départ dans la Drôme, mais ces circuits ne sont pas suffisants actuellement. Enfin, le président du CSAB a insisté sur la nécessité d’utiliser les exemples réussis pour définir les conditions de réussite de l’action publique.


Alain Delangle, un administrateur de la Fnab, a cité, lors de cette journée, Philippe Lacombe : « Nous sommes à la fin d’un système mais nous n’avons pas encore trouvé le suivant ». Il semble que ce soit aussi l’avis d’un nombre de personnes de plus en plus important et, dans ce domaine, nous pouvons espérer que l’agriculture biologique sera, là encore, un levain d’idées, mais pas seule, car toutes les bonnes volontés et toutes les initiatives sont à rassembler pour imaginer et établir ce nouveau système. L’enjeu est de taille, mais il est vital. Le défi est grand mais il est aussi enthousiasmant…


Sophie Valleix
Responsable d’ABioDoc

Numéro 189 – Mai 2013