Préservons nos terres agricoles

Pour nombre de candidats à l’installation, l’accès au foncier constitue une difficulté majeure. Pourtant, avec un agriculteur en activité sur cinq qui avait plus de 60 ans en 2010 (Sources : SSP, Agreste, recensements agricoles), les départs en retraite se multiplient, laissant libres exploitations et terres. Alors, pourquoi est-ce si difficile de trouver son lopin de terre ?

Tous les sept ans, l’urbanisation grignote une surface agricole équivalente à celle d’un département. Celle-ci, outre le fait de faire disparaître des terres agricoles, peut conduire à un phénomène de rétention de terres par certains propriétaires, notamment dans les régions très prisées où la pression foncière se fait de plus en plus forte. Pourquoi vendre une terre agricole à 5 418 euros/ha (chiffre 2012, Safer) alors qu’on pourrait en tirer 67 000 euros/ha (chiffre 2012, enquête sur le prix des terrains à bâtir (EPTB), Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie) si elle devient constructible ?

Ces phénomènes, entre autres (agrandissement de fermes existantes…), rendent difficiles les installations agricoles, et certains candidats peuvent attendre parfois plusieurs années avant de trouver une exploitation et des terres adaptées à leur projet. Ceux qui font le choix de la bio sont particulièrement concernés : un certain nombre d’entre eux s’installent hors cadre familial (30 % des candidats à l’installation de moins de 40 ans toutes agricultures confondues), donc sans capital foncier de départ. Pour d’autres, leur projet porte sur de petites surfaces (maraîchage, petits élevages), en décalage avec les grosses exploitations de plusieurs dizaines d’hectares qui se libèrent.

Pourtant, des outils réglementaires existent pour protéger nos terres agricoles de cette artificialisation : SCo, PLU, PAEN, ZAP… Les sigles se multiplient, mais les connaît-on vraiment ? Et connaît-on suffisamment leur potentiel ? Il semblerait que non. Les élus ont notamment la possibilité de classer les terres agricoles et d’assurer leur pérennité, en créant des Périmètres de Protection et de mise en valeur des Espaces Naturels et Agricoles Périurbains (PAEN), ou des Zones Agricoles Protégées (ZAP). Ceux qui ont franchi le pas reconnaissent pleinement l’efficacité de ces outils, encore trop peu utilisés, et pour lesquels les moyens financiers sont encore trop faibles.

Mais, ce ne sont pas les seuls à pouvoir agir. Partout en France, et ailleurs, les expériences se multiplient à l’initiative d’organismes agricoles, d’agriculteurs, mais aussi de citoyens ! Les achats de fermes, par exemple, par les communes ou en récoltant de l’épargne solidaire (par des GFA, l’association Terre de Liens…), permettent de garantir le maintien de l’activité agricole de ces exploitations.

La préservation du foncier agricole n’est pas qu’une question agricolo-agricole, loin de là. C’est une question de société qui nous concerne tous : agriculteurs, élus, citoyens… !

Dans le cadre du projet « Développement des filières biologiques du Massif Central pour répondre aux besoins de la restauration hors domicile (RHD) », porté par le Pôle Agriculture Biologique Massif Central, ABioDoc a réalisé une synthèse sur le foncier agricole que vous pouvez télécharger gratuitement, si vous souhaitez en savoir plus, sur le site www.abiodoc.com, rubrique La documentation/Documents édités par ABioDoc/Synthèses et rapports.

Aurélie BELLEIL, Chargée de mission à ABioDoc