Un territoire en constante définition

La commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) vient de prendre une décision importante en matière de morcellement du territoire agricole. Cette ouverture facilitera la vie de jeunes de la relève désirant s’établir en agriculture.
Un couple de jeunes producteurs maraîchers biologiques (Ferme aux petits oignons) a fait la preuve que leur entreprise de 4 hectares pouvait être rentable et viable. Ainsi, suite à l’analyse de leur dossier, la commission a autorisé le morcellement d’une terre agricole afin que ces jeunes maraîchers puissent s’en porter acquéreurs. Cette décision est encourageante pour plusieurs jeunes de la relève qui ne possèdent pas de terre et qui voudraient démarrer une entreprise agricole. L’accès à la terre s’avère être un enjeu important pour l’établissement de la relève agricole au Québec.
Il faut se rappeler que la CPTAQ a comme mission « d’assurer la protection du territoire agricole et contribuer à introduire cet objectif au coeur des préoccupations du milieu ». La crainte exprimée par la CPTAQ dans de dossiers similaires est que des gens morcellent le territoire agricole dans le but de ne pas le cultiver et par la suite, favoriser son dézonage (changement de vocation du territoire). La protection du territoire agricole est particulièrement importante à proximité des centres urbains là où la spéculation sur les terres agricoles est forte. Celle-ci provoque une hausse importante du prix des terres, mais à des fins autres qu’agricoles !
Véronique Bouchard, copropriétaires de la Ferme aux petits oignons, et plusieurs autres jeunes de la relève agricole croient que l’agriculture du Québec est en pleine évolution. De nouvelles formes de mise en marché voient le jour, de plus petites surfaces sont cultivées, et ce de façon rentable, etc. Bien sûr, ces activités agricoles ne domineront jamais les grandes productions, mais plus la population s’intéressera à ces nouvelles façons d’occuper le territoire, plus celles-ci prendront de l’importance. N’est-ce pas là la plus belle façon de contrer l’abandon et la transformation des terres agricoles en les occupant par l’agriculture et en sensibilisant la population à l’importance de celle-ci?
Il est encourageant de constater, à travers cet exemple, que plusieurs modèles d’agriculture sont encore valorisés. Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Pêcheries du Québec (MAPAQ) a mis sur pied en 2011 un programme pilote d'appui à la multifonctionnalité de l'agriculture. Le but de ce projet est de valoriser d’autres facettes de l’agriculture telles la valorisation de bâtiments agricoles, l’implantation de haies brise-vent, la remise en culture de terre en friche dans des régions où l’agriculture est moins intensive.
L’agriculture continuera de se transformer et nous verrons apparaître sûrement d’autres façons d’occuper le territoire, à travers des fermes à vocation sociale, des circuits agrotouristiques, de l’agriculture à des fins d’éducation, etc. L’agriculture apporte à la communauté beaucoup plus que la production de nourriture!


Louis Rousseau, Chargé de projet - CETAB+

Numéro 178 - Mai 2012